› DES THERMES GALLO-ROMAINS A PORTBAIL

Prescrite par la Drac Normandie, l’opération s’inscrit dans le prolongement d’une fouille menée par l’Inrap en 2012 sur la parcelle voisine qui avait livré un quartier de la ville antique de Portbail, comportant au moins une grande résidence de type domus.

UN ÉDIFICE BIEN CONSERVÉ

Le bâtiment accueillant les salles thermales couvre une surface supérieure à 600 m². Il est adossé à un jardin où l’on pratiquait du sport (palestre) avant d’aller se « baigner », et dont une partie de la galerie à colonnade avait été fouillée en 2012. Les utilisateurs des thermes effectuaient un parcours de soins corporels à travers des vestiaires, des étuves, des salles avec des piscines et des baignoires d’eau chaude, tiède ou froide.

Les systèmes de planchers chauffants (hypocaustes), caractéristiques des salles chaudes et tièdes, sont très bien conservés. Les archéologues ont retrouvé, sur un béton à base de mortier de chaux et de graviers, des empilements de briques rondes ou carrées, disposés à intervalles réguliers d’environ 50 cm. Ces pilettes supportaient les dalles de béton des planchers supérieurs, sur lesquels étaient installées les baignoires et les piscines aujourd’hui disparues. D’autres éléments du système de chauffage ont été identifiés. Depuis la chaufferie, adossée à la salle la plus chaude, un grand foyer en tunnel, où était entretenu un feu de bois permanent, envoyait de l’air chaud sous les planchers. Celui-ci circulait entre les pilettes, puis dans des tubulures en terre cuite insérées dans le doublage des murs, pour ensuite s’évacuer au niveau des toitures.

Des fragments d’enduits peints ont été découverts et prélevés pour être étudiés en laboratoire, afin de proposer une restitution de la décoration des murs à l’intérieur des salles.

CITERNE D’EAU, ÉGOUTS ET BASSINS

Le foyer de la chaufferie conserve les ancrages des supports accueillant une citerne où l’eau était mise à chauffer, avant utilisation dans les piscines et les baignoires.

Les vestiges des thermes de Portbail révèlent aussi une grande partie des égouts qui servaient à la vidange régulière des piscines ou des baignoires, ainsi qu’à l’évacuation de toutes les eaux usées produites par l’établissement. Au moins deux petits bassins, d’agrément (fontaines) ou utilitaires (pédiluves), ont par ailleurs été découverts à l’entrée probable des thermes et près de l’accès au jardin de sport.Ces découvertes témoignent d’une maîtrise de la gestion de l’eau, bien connue dans l’ensemble du monde romain.

UN ÉLÉMENT REMARQUABLE D’UNE AGGLOMÉRATION SECONDAIRE ANTIQUE

La taille et l’emplacement de l’édifice dans la ville suggèrent qu’il s’agit ici très certainement des thermes publics, accueillant indistinctement des hommes ou des femmes avec leurs enfants, de toutes conditions sociales, mais à des horaires réservés.

Complétant les travaux antérieurs, la fouille du Génestel dévoile un peu plus la physionomie d’un quartier urbain antique au sein d’une agglomération à vocation portuaire. Les vestiges mis au jour dans ce quartier résidentiel du plateau de Saint-Marc font écho à ceux d’un autre édifice thermal situé au bord du havre de Portbail et mis au jour dans les années 1970 à l’intérieur de l’église Notre-Dame.

Les recherches en cours seront rapprochées des données sur d’autres thermes étudiés dans le nord du Cotentin, notamment à Valognes (Alauna) et à Montaigu-la-Brisette. Elles contribueront à une étude plus large sur les établissements thermaux et sur les agglomérations secondaires antiques dans les marges nord-occidentales de l’empire romain.